Homme d'âge moyen travaillant à Paris avec documents fiscaux

Impôts : Vivre en France et payer en Royaume-Uni? Toutes les infos

23 décembre 2025

89 % des Français qui partent vivre à Londres ne savent pas à quoi s’attendre au moment de déclarer leurs impôts. Ce chiffre n’existe pas, mais il dit tout : l’expatriation fiscale n’a rien d’une promenade administrative. Entre la France et le Royaume-Uni, le déménagement ne coupe pas le fil invisible qui relie le contribuable à l’administration française. Les conventions existent, certes, mais elles n’effacent ni la complexité ni la vigilance requise. Un faux pas, et c’est l’addition qui grimpe.

Installer ses valises de l’autre côté de la Manche ne suffit pas pour tourner la page du fisc français. Les pensions, les plus-values, les loyers perçus en France continuent souvent d’entraîner une déclaration, même quand le quotidien s’écrit désormais en anglais. Les différences de logique entre les deux systèmes rendent l’exercice parfois déroutant : règles, formulaires, justificatifs… tout demande une attention redoublée.

Comprendre la résidence fiscale : un point clé pour les expatriés entre France et Royaume-Uni

La résidence fiscale, c’est le cœur du sujet pour tout Français qui quitte le pays. Savoir où l’on est considéré comme contribuable, c’est éviter de payer deux fois, ou de s’attirer les foudres des contrôleurs. Trois critères font la loi :

  • Le lieu où se trouve le foyer familial,
  • Le centre des intérêts économiques (emploi, patrimoine, investissements),
  • Le temps passé dans chaque pays sur l’année.

En France, il suffit parfois de conserver sa famille ou ses affaires pour rester dans le viseur du fisc. Le Royaume-Uni, lui, utilise un calcul de points et s’appuie sur le Statutory Residence Test : nombre de jours sur place, attaches familiales, liens professionnels. Pas de place pour l’approximation.

La convention fiscale entre la France et le Royaume-Uni a été pensée pour éviter la double peine. Elle répartit l’imposition selon le type de revenus : salaires, pensions, dividendes, intérêts, chaque source obéit à ses propres règles. Un résident fiscal français doit déclarer tout ce qu’il gagne, où que ce soit. Un résident britannique peut, selon son profil, choisir d’être taxé sur tout ou seulement sur ce qu’il rapatrie au Royaume-Uni.

  • Centre des intérêts vitaux : cherchez où bat le cœur de votre vie familiale et économique. C’est souvent là que le fisc vous attend.
  • Durée de séjour : le comptage des jours n’est pas anecdotique, il peut faire basculer le statut d’un côté ou de l’autre.
  • Convention fiscale : en cas de conflit, elle tranche et détermine la marche à suivre.

Changer officiellement de résidence fiscale ne se fait pas en catimini. L’administration française attend des preuves, des déclarations claires, sous peine de continuer à vous imposer sur la totalité de vos revenus mondiaux. Se préparer, anticiper, c’est la seule manière d’éviter les mauvaises surprises lors d’un contrôle.

Quelles obligations fiscales en cas de déménagement au Royaume-Uni ?

Partir vivre au Royaume-Uni ne coupe pas d’un coup d’un seul les obligations envers le fisc français. Le statut de résident fiscal fait toute la différence, et il ne change pas sur un simple billet d’avion. Partez en milieu d’année ? Il faudra préciser les revenus gagnés avant et après le déménagement, sans rien omettre.

La déclaration de revenus doit alors être précise, en distinguant bien la période française et la période britannique. Le formulaire 2042-NR devient indispensable pour les non-résidents, à compléter avec le 2042 classique et, si besoin, le 2047 pour les revenus de source étrangère. N’expédiez pas ces documents n’importe où : ils doivent être adressés au service des impôts des particuliers non-résidents (SIPNR), qui sera désormais votre unique interlocuteur côté français.

Côté britannique, la HMRC (Her Majesty’s Revenue and Customs) exige une inscription rapide. Cette étape vous donne un numéro national d’assurance et permet de régulariser dès le départ votre situation pour l’année fiscale, qui commence le 6 avril et se termine le 5 avril suivant. Ce calendrier diffère du système français, et l’inscription rapide évite les oublis ou retards qui pourraient coûter cher.

Voici les démarches à ne pas négliger :

  • Déclarez les revenus français encaissés jusqu’à la date du départ sur le formulaire 2042.
  • Indiquez votre nouvelle adresse au fisc.
  • Remplissez le 2042-NR pour l’année du déménagement.
  • Enregistrez-vous auprès de la HMRC dès votre arrivée au Royaume-Uni.

En distinguant soigneusement les revenus français et britanniques, chacun respecte ses obligations dans les deux pays. Anticiper les formalités, c’est s’épargner des régularisations désagréables plusieurs mois plus tard.

France vs Royaume-Uni : ce qui change vraiment pour vos impôts

Changer de pays, c’est changer de règles du jeu. En France, le système du quotient familial ajuste l’impôt à la structure du foyer. Au Royaume-Uni, la personal allowance (abattement identique pour chaque contribuable) s’applique : le nombre d’enfants ou la situation maritale ne font plus varier l’impôt. Un couple avec trois enfants n’y verra aucune différence par rapport à un célibataire.

Les prélèvements sociaux français, CSG et CRDS, ne s’appliquent plus sur les salaires gagnés au Royaume-Uni. Mais attention : posséder un bien en France et le louer, réaliser une plus-value immobilière, génère toujours des contributions sociales, même en vivant à Londres ou Manchester.

La taxe d’habitation et la taxe foncière restent dues en France pour les logements détenus, même par un expatrié. Au Royaume-Uni, c’est la council tax qui prend le relais, avec des critères différents. L’IFI, impôt sur la fortune immobilière, ne concerne que les biens français détenus par les non-résidents.

  • Le taux d’imposition au Royaume-Uni démarre à un niveau plus élevé qu’en France, et la progressivité suit une autre logique.
  • La national insurance vient s’ajouter à l’impôt britannique, elle finance notamment le système de santé et la retraite.
  • La convention fiscale entre les deux pays vise à éviter la double imposition, mais chaque type de revenu doit être examiné à la loupe.

Pour les cessions de valeurs mobilières, les dividendes, l’assurance-vie, chaque pays applique ses propres règles. Mieux vaut analyser chaque flux financier pour rester conforme et, éventuellement, optimiser la fiscalité des revenus perçus à l’étranger.

Conseils pratiques pour éviter les pièges de la double imposition

Naviguer entre la fiscalité française et britannique exige méthode et anticipation. La convention fiscale a pour but de neutraliser le risque de double imposition, mais chaque catégorie de revenus demande une attention particulière. Salaires, dividendes, plus-values, revenus fonciers : à chaque source d’argent correspond une règle, un taux, un mécanisme d’exonération ou de crédit d’impôt.

  • Pensez à déclarer tous les revenus étrangers à l’administration française (formulaire 2047 ou 2042-NR selon la situation).
  • Les revenus immobiliers de source française nécessitent le formulaire 2044, même depuis l’étranger.
  • Pour toute cession de valeurs mobilières, tournez-vous vers le formulaire 2074. Les transmissions patrimoniales passent, elles, par les formulaires 2048-IMM ou 2048-M selon la nature des biens.

La coopération entre les administrations fiscales française et britannique permet aujourd’hui des échanges d’information rapides. Transparence et cohérence entre les déclarations déposées au SIPNR et à la HMRC restent la meilleure défense. Conservez factures, relevés bancaires, attestations de résidence : tout doit pouvoir être justifié en cas de contrôle.

Les calendriers diffèrent : du 6 avril au 5 avril au Royaume-Uni, de janvier à décembre en France. Ajustez vos déclarations pour ne rien laisser passer entre deux exercices. Face à une situation particulière, sollicitez un avis auprès d’un spécialiste ou du centre des impôts compétent. Selon les cas, le choix entre crédit d’impôt et exonération dépendra du mécanisme prévu par la convention bilatérale.

Changer de pays, c’est changer de décor, mais l’ombre du fisc, elle, suit toujours. Anticiper, comprendre, déclarer sans faille : voilà la seule manière de profiter du meilleur des deux systèmes, sans risquer de mauvaises surprises quand le courrier officiel finit par arriver.

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